Sociologie générale II: théories du pouvoir

Objectif

Cet enseignement vise à offrir aux étudiant.es des outils théoriques et pratiques permettant d'aborder une des principales questions des sciences sociales depuis leur naissance, à l'aube de la modernité : celle du pouvoir et des rapports de pouvoir. Il revient, d'une part, sur les principales théories du pouvoir depuis l'avènement de la modernité (Hobbes, Kant, Hegel), en montrant comment l'analyse du pouvoir, de ses fondements et de ses formes, a indissociablement suscité sa critique ainsi que l'exploration de formes de contre-pouvoir ou d'anti-pouvoir, etc. Il revient, d'autre part, sur les principales théories du pouvoir en sociologie, allant de la théorie marxienne à la théorie conservatrice des élites (Pareto, Mosca), en passant par Weber, l'École de Francfort (Adorno, Fromm, Habermas, Horkheimer, Marcuse, Neumann), Wright Mills, Foucault, Bourdieu, ou encore Arendt et Scott. L'enseignement propose à la fois des outils conceptuels et des outils pratiques-empiriques pour aborder de manière critique les questions du pouvoir en sociologie.

Contenu

La question du pouvoir est au centre de la théorie sociologique depuis son apparition avec la modernité. La modernité a placé en son coeur l'existence de la société et la question du pouvoir du social - à côté du politique, de l'économique, du juridique et du psychologique. La sociologie s'est ainsi penchée sur les processus de constitution, de structuration et d'institutionnalisation du pouvoir, sur l'analyse des différentes sphères sociales (travail, famille, catégories sociales, art, médias, etc.) dans lesquelles il se déploie, mais aussi sur les différentes formes qu'il peut prendre ainsi que sur les rapports qui le constituent (entre classes, statuts, genres, etc.). Ce cours de sociologie générale propose une introduction aux théories sociologiques du pouvoir.

Le cours est subdivisé en deux parties, l'une assurée par Olivier Voirol, portant sur la question du pouvoir dans la modernité, en lien avec la question de la communication sociale, l'autre assurée par Felix Bühlmann qui traitera de la sociologie du pouvoir appliquée à l'étude des groupes au pouvoir, en particulier des élites, et des champs institutionnels. En proposant des angles d'analyse différents et en suivant des trajectoires conceptuelles et théoriques distinctes, ce cours « polyphonique » offre une entrée sur une large palette d'approches et de conceptions du pouvoir en sciences sociales.

1e partie : pouvoir et communication - autour de la théorie critique (Olivier Voirol)

Cette partie du cours reviendra tout d'abord sur la naissance de la modernité (18e siècle) pour voir comment cette dernière a opposé au « pouvoir absolu » (Hobbes) le pouvoir « social », du public et de la communication. Ce pouvoir social a pris la forme de l'espace public (Kant), du « pouvoir civil » (Hegel) ou de la « praxis » (Marx). Avec la modernité sont apparus des formes de pouvoir et des modes de domination inédits, qui traversent - en particulier - le domaine de la communication sociale (Marx, Weber). Un des courants majeurs de la théorie sociale au 20e siècle, la Théorie critique (de l'École de Francfort) a pensé ces évolutions de la modernité avancée en termes de « rapport d'aveuglement », d'industrialisation de la culture et des médias (Adorno), de contrôle social et politique par la technologie (Marcuse), d'autoritarisme d'État (Neumann), d'impuissance accrue d'un individu défait (Fromm), ou encore de « colonisation » des « systèmes » de l'économie et du pouvoir (Habermas). En prolongeant ces observations pour en penser les formes et les enjeux actuels (numérique, autoritarisme, nature), nous évoquerons les théories ayant repensé les modalités contemporaines du « pouvoir communicationnel » (Arendt, Habermas) propre au projet de la modernité.

2e partie : pouvoir et élites - de Wright Mills à Bourdieu (Felix Bühlmann)

Dans cette partie, les étudiant.es se familiariseront d'abord avec quelques étapes cruciales de l'histoire des idées en sociologie du pouvoir. Nous aborderons le développement historique du concept de pouvoir (et des notions proches telles que domination, autorité ou influence) à travers des auteurs comme Marx, Weber, Popitz ou Pareto. Par la suite, nous analyserons les débats de la sociologie américaine des années 1950, qui ont opposé les sociologues « fonctionnalistes » aux sociologues « critiques ». Puis, nous retracerons les répercussions de ces débats sur l'analyse des relations de pouvoir dans la pensée d'auteurs plus récents comme Bourdieu, Foucault ou Scott. Tout au long du cours, nous illustrerons ces concepts et théories par des études empiriques examinant le pouvoir des élites, autant en Suisse qu'au niveau international.

Semesters:

Level:

BA

Disciplines:

ETCS:

6

Subjects:

Sociology

University Type:

Universities