Le corps vulnérable: fictions et poét(h)ique(s) médiévales du 'care'

Le corps vulnérable: fictions et poét(h)ique(s) médiévales du 'care'

La thèse consistera en l’analyse organisée d’un corpus de textes fictionnels du Moyen-Âge, et principalement des textes qui s’attachent à représenter des personnages dont le corps est atteint dans son intégrité physique, que ce soit pour cause de maladie, d’infirmité congénitale, de blessure accidentelle, volontaire ou lorsque cette intégrité est vécue autrement que selon des normes de genre (corporalités queer). Constitué par des textes romanesques, religieux, ou allégoriques, le corpus permettra d’étayer l’hypothèse selon laquelle les textes médiévaux peuvent être considérés comme obéissant à une poétique du 'care', dans la mesure où ceux-ci cherchent à focaliser le regard sur des corps jugés déviants, à les mettre en situation de réussite sociale, professionnelle, sexuelle et affective, sans pour autant les faire correspondre à la norme sociale et juridique qui les exclue initialement. Ce travail est motivé par plusieurs ambitions : la première est d’ordre culturel et vise à contribuer à la valorisation des études médiévales qui souffrent encore trop souvent d’un discrédit injustifié quant aux savoirs anthropologiques qu’elles sont susceptibles de délivrer, de manière salutaire, même pour les hommes du XXIe siècle. Ensuite, il s’agira de poser les bases d’un dialogue possible avec les sciences humaines autres que la littérature, comme la sociologie, l’anthropologie ou encore l’histoire de la médecine, et qui réfléchissent à la question du soin et du bien-être des personnes handicapées ou des personnes dont le corps souligne les insuffisances et les impensés des normes. Le texte littéraire, en définitive, peut-il être assimilé à un travail de 'care', à la fois sur un plan thématique en mettant en scène des protagonistes qui assument des fonctions de soignant, quelles qu’elles soient, et sur un plan poétique, en proposant une écriture thérapeutique et empathique que nous nommons « poéthique », grâce à une écriture particulière dont on étudiera l’instance narratoriale et une possible inflexion compassionnelle de sa voix, le traitement des protagonistes et l’éventuelle volonté réparatrice ou même politique des textes.