Histoire et théorie du cinéma

Résumé

LE CINEMA, UN ART DU MONTAGE ? TECHNIQUE, ESTHETIQUE, THEORIE : Ce cours vise à proposer une histoire du cinéma au prisme du montage, envisagé autant comme pratique technique que comme concept théorique déterminant et déterminés par des films.

Contenu

« Mais qu'est-ce que le montage, ou plutôt, quelles sont les conditions de possibilité du montage ? » (Giorgio Agamben, « Le cinéma de Guy Debord », dans Image et mémoire, Éditions Hoëbeke, coll. « Arts et esthétique », 1998, p. 69).

Ce cours souhaiterait repartir du double questionnement d'Agamben, mais en postulant que la réponse théorique est insuffisante, du moins nécessairement incomplète : le montage, qu'on l'envisage comme pratique et/ou comme pensée, recouvre des réalités très diverses selon les lieux et les époques. Ces « conditions de possibilité » fluctuent sans cesse, en fonction de plusieurs paramètres qui sont autant de variables : systèmes de production, outillages techniques disponibles, statut des professionnels destinés à cette tâche, idées de cinéma dominantes, usages du cinéma, etc.

L'hypothèse est donc ici que ce qu'une époque nomme « montage » est en fait une forme d'équilibre entre ces variables, et que les aventures de la notion, ses transformations, peuvent être comprises comme une modification de cet équilibre entre des usages techniques, des choix esthétiques, des habitudes, des contraintes socio-économiques et des conceptions plus ou moins théoriques.

Ce cours voudrait poser les bases de ce que pourrait être une histoire du cinéma au prisme du montage, en l'exemplifiant par l'étude de quelques-unes de ces transformations, dans une perspective résolument interdisciplinaire, entremêlant techmique, économie, sociologie et esthétique. Cinq configurations théorico-pratiques seront donc successivement abordées de ce point de vue (chacune sur deux-trois séances) : les premiers temps et la question de l'assemblage, l'émergence du mode de représentation institutionnel dans les années 1920 et l'arrivée des tables de montage, les débuts du parlant et le problème du découpage/montage du son, la raréfaction du montage et le « plan-séquence » (au sortir de la Seconde Guerre mondiale), la recherche de la discontinuité (images et sons) des années 1950 aux années 1970. Le cours s'achèvera en se demandant ce que le numérique a modifié au niveau du montage.