Diversité légitime et illégitime – la Suisse et ses minorités
La Suisse a fait de sa diversité linguistique un des piliers de son unité nationale. Bien plus que d’être « unie dans la diversité », elle est unie par la valorisation de ses différences. D’un point de vue philosophique, considérer la diversité autochtone comme une richesse à préserver peut sembler un parti pris en faveur d’une certaine conception de la « vie bonne ». Par le principe de territorialité, la Confédération fait implicitement le choix de privilégier la préservation des groupes et leur dessein collectif sur la liberté individuelle de choisir sa langue. Ce choix se comprend en référence à la forme politique prise par la nation helvétique qui est une « consociation » (Walzer 1998). À la différence de l’État-nation, la consociation se donne pour but de préserver les langues et les cultures des groupes constitutifs de la nation, même les plus minoritaires. Le modèle de la consociation est-il pour autant un modèle plus tolérant que l’État-nation qui privilégie la culture de la majorité ? Pas nécessairement, puisque dans le cas de la Suisse les mécanismes politiques servant à préserver les minorités nationales ont pour conséquence de promouvoir l’assimilation culturelle des immigrants. Ainsi, ce qui apparaissait initialement comme une politique de valorisation de la diversité se révèle fondé sur une démarcation nette entre les différences légitimes, qu’il convient de préserver, et celles qu’il est opportun de faire disparaître.
Mots-clés :
- Consociation
- Suisse
- Canada
- Préservation
- Culture
- Langue
Documents et liens
Informations sur la publication
Auteur·e·s:
Sabine Choquet
Maison d'édition:
Éditions L’Harmattan, Droit et Cultures 77 | 2019/1
Langues:
Français
Ville:
Paris
Année:
2019
Thèmes:
Disciplines:
Thématiques:
Politique
Langue(s) – langage(s) – discours – communication
Art – culture
Minorités
Discriminations – marginalisation – ségrégation
Branches:
Anthropologie sociale
Type:
Article