Faire vite et surtout: le faire savoir. Les interactions verbales en classe

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Faire vite et surtout : le faire savoir. Les interactions verbales en classe sous l’influence du genre

Quand on fait le bilan de la progression spectaculaire des scolarités des filles, à partir du moment où l’enseignement secondaire et les études supérieures leur ont été ouverts, nous nous retrouvons devant un paradoxe que la théorie de la reproduction peine à expliquer : si on considère que les groupes dominants utilisent l’école pour reproduire leur avantage, comme on peut le voir en ce qui concerne les inégalités sociales (Bourdieu et Passeron, 1964), comment rendre compte du fait qu’à l’école, le sexe dominé puisse se classer avant le sexe dominant ? (Duru-Bellat, 2008).

Or, cette réussite des filles sur le plan scolaire s’arrête aux portes des études supérieures. En effet, ces meilleurs parcours ne leur ouvrent pas la porte aux filières les plus sélectives puisqu’elles sont 27% en écoles d’ingénieurs (DEP 2012) et rentabilisent moins bien, à diplôme égal et quel que soit ce diplôme, leur bagage scolaire sur le marché du travail que ce soir en France ou en Suisse.

Nous avons voulu éclairer ce point par une recherche sur les interactions verbales en classe en observant 15 séances de cours de différentes disciplines au secondaire à Genève.

La prise de parole en classe prend la forme d’une compétition. Les filles ont un moindre accès à la parole en classe et n’apprennent pas à mettre en valeur leurs compétences. Le fait de ne pas se lancer dans la compétition leur permet de prendre le temps d’apprendre. Pour certains garçons, le but est d’être celui qui a la parole et non de répondre juste. Les meilleurs peuvent le faire en répondant vite et bien, d’autres n’ont que le temps de répondre vite et pas d’apprendre.

Or, il n’y a guère que dans le milieu scolaire où des évaluateurs·trices s’attachent à vérifier individuellement les compétences professionnelles de chacun·e. Le monde professionnel et dans une certaine mesure, l’enseignement supérieur demande que l’on sache se mettre en valeur, ce que ces filles ne peuvent pas apprendre tant qu’elles restent en retrait.

Autrices·teurs

Documents et liens

Informations sur la publication

Auteur·e·s:

Edité par:

Heri Rakoto-Raharimanana

Maison d'édition:

Société Internationale d'Ethnographie, Revue Internationale d'Ethnographie, Numéro 4

Langues:

Français

Type de média:

PDF

Année:

2015

Thèmes:

Disciplines:

Thématiques:

Education – formation
Enfance – adolescence
Langue(s) – langage(s) – discours – communication

Branches:

Etudes Genre, Sciences de l'éducation, Sociologie

Type:

Article