Année Campoamor 2025: 70 ans de l'exil de Clara Campoamor en Suisse

Año Campoamor 2025: 70 años del exilio definitivo en Suiza de Clara Campoamor

En 1955, après près de vingt ans passés en Argentine, Clara Campoamor (1888-1972) entamait en Suisse la dernière étape d’un exil dont elle ne verrait jamais la fin. Sa correspondance avec Gregorio Marañón, María Telo, Consuelo Berges ou encore Antoinette Quinche — son principal soutien personnel et professionnel dans le pays helvétique — révèle qu’elle n’a jamais renoncé à son désir de retourner en Espagne. Elle avait quitté Madrid en 1936, fuyant à la fois un exil intérieur imposé par l’atmosphère révolutionnaire de la capitale et le soulèvement militaire qui avait originé la guerre civile. « Toujours dans l’attente de l’avènement sacré », celui du retour de la démocratie en Espagne, Campoamor s’éteignit à Lausanne en 1972. Ce ne fut qu’alors qu’elle put enfin retrouver la terre tant désirée.

Soixante-dix ans après son arrivée définitive en Suisse, le projet Año Campoamor 2025, dirigé par Cristina Rosario Martínez Torres au sein de l’Unité d’espagnol de l’UNIGE, entend rendre hommage à l’architecte du premier suffrage féminin en Espagne à travers la publication de l’ouvrage Siempre a la espera. Clara Campoamor y el exilio republicano en Suiza [Toujours dans l’attente. Clara Campoamor et l’exil républicain en Suisse] (Séville : Renacimiento), ainsi qu’une série d’événements visant à faire revivre en milieu académique helvétique la figure de cette avocate et écrivaine madrilène, en redonnant toute sa place à l’œuvre qu’elle mena au sein même de ce pays.

Son engagement politique et philanthropique en faveur des droits des femmes et de l’enfance s’est concrétisé par une participation active à la Société des Nations, puis aux Nations Unies ; par la création de forums et d’associations déterminants pour les avancées féministes de l’époque, telles que la Fédération des femmes de carrières juridiques ; et, bien sûr, par son soutien à Antoinette Quinche dans la conquête, en 1959, du premier suffrage féminin cantonal dans le canton de Vaud. La presse suisse, tant avant qu’après la Seconde Guerre mondiale, a immortalisé ces trajectoires parallèles et convergentes des deux suffragistes. La nécessaire réhabilitation de cette mémoire fait également de cet hommage une occasion précieuse de redécouvrir Antoinette Quinche (1896-1979).

Mais l'année Campoamor 2025 ne s’arrête pas là : elle convoque d’autres exils, d’autres itinéraires qui se sont croisés avec le sien et nous invite à revisiter les liens tissés entre l’Espagne et la Suisse tout au long du XX^e siècle, pour mieux comprendre ceux qui touchent à notre présent.