Pouvoir et genre en pentecôtisme: d'un «paradoxe» à l'autre

Pouvoir et genre en pentecôtisme: d'un «paradoxe» à l'autre. Analyse à partir d'une enquête quantitative suisse

Cet article s’appuie sur les données d’une grande enquête suisse auprès des paroisses et communautés religieuses menée dans le cadre du PNR 58 de 2007 à 2010. La problématique ici est de comprendre pourquoi le milieu pentecôtiste généralement considéré comme conservateur ouvre cependant des perspectives de responsabilités spirituelles pour les femmes et pourquoi malgré cette ouverture, bien supérieure aux paroisses catholiques par exemple, on y voit moins de femmes aux commandes que dans les paroisses réformées ou méthodistes.

Les données permettent de souligner un point fondamental pour l’accession des femmes dans des postes à responsabilité dans le monde chrétien, celui d’intégrer une équipe de responsables, afin de permettre une transition entre un leadership principalement occupé par des hommes à un gouvernement occupé par une ou plusieurs femmes. Les paroisses reconnues ont ainsi plus de possibilités d’entrer dans ce processus, car elles ont des moyens financiers bien plus importants (grâce aux impôts ecclésiastiques). Pour les pentecôtistes de Suisse, un des blocages est alors la précarité des communautés qui ne peuvent que rarement salarier un pasteur à plein temps. Il est ainsi difficile de créer un ou plusieurs postes qui pourraient alors revenir à des femmes et engager un processus de reconnaissance salariée du ministère des femmes. Malheureusement, les quelques mega-churches en Suisse qui auraient les ressources engagent moins de femmes en moyenne que les autres groupes pentecôtistes. Elles se singularisent en effet en suivant un modèle de performance où l’homme produit pendant que la femme consomme.