Far-righting feminism? Criminalising street harassment in France and Britain

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Far-righting feminism? Criminalising street harassment in France and Britain

Résumé de la thèse

Comment les causes féministes sont-elles appropriées par l’extrême-droite ? À partir d’une comparaison des politiques de pénalisation du harcèlement de rue en France et au Royaume-Uni, cette thèse explore la façon dont certains facteurs contextuels facilitent l’appropriation de cette cause initiallement féministe par des acteur·ice·s situé·e·s à l’extrême-droite.

Elle repose sur 84 entretiens avec des acteur·ice·s de politiques publiques et des militantes féministes contre le harcèlement de rue en France et au Royaume-Uni, ainsi qu’avec des militant·e·s d’extrême-droite ayant approprié la cause en France. Elle s’appuie également sur une analyse critique de documents, une observation participante dans un collectif féministe, ainsi qu’une observation numérique de groupes d’extrême droite.

La thèse montre, premièrement, que l’architecture institutionnelle des deux pays a conduit à une intégration contrastée des militantes féministes dans le développement de ces politiques publiques. Alors que le contexte d’un fort féminisme d’État en France porte à l’exclusion des militantes féministes du processus législatif, le Royaume-Uni, où l’institutionnalisation du féminisme dans l’État est moindre, voit la revendication de pénalisation portée par une ONG en partenariat avec un collectif féministe. Deuxièmement, ce rôle différencié des féministes, combiné aux différents répertoires raciaux et de genre, a fortement influencé les cadrages de la cause. Au Royaume-Uni, bien que marquée par une approche intersectionnelle, la campagne est imprégnée de logiques néolibérales, aboutissant à une dilution de la perspective féministe dans la loi adoptée. En France, l’absence de perspective intersectionelle et le déni du racisme a favorisé la racialisation du sexisme dans le cadrage du harcèlement de rue. Troisièmement, ces cadrages contribuent à orienter les différentes évolutions de la cause : alors qu'elle s'inscrit dans la néolibéralisation du féminisme au Royaume-Uni, elle est appropriée par des militant·e·s d’extrême droite en France, qui, en exploitant les cadrages discursifs préexistants, parviennent à l’aligner avec leur agenda politique. Ces résultats démontrent que la manière dont les causes féministes conflictuelles sont traduites en politiques publiques peut favoriser leur appropriation par l’extrême-droite et, ainsi, alimenter le fémonationalisme.

La thèse contribue à l’analyse des politiques publiques et à la sociologie des mouvements sociaux, en montrant comment les modes de gouvernance féministe et le cadrage des politiques féministes influencent la configuration des opportunités politiques disponibles aux acteur·ice·s antagonistes. Enfin, elle éclaire les mécanismes de la normalisation de l’extrême-droite en mettant en évidence le rôle central des enjeux féministes dans ce processus.

Mots-clés

  • politiques publiques
  • féminisme
  • fémonationalisme
  • extrême-droite
  • racialisation du sexisme
  • intersectionnalité
  • harcèlement de rue

Direction

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Informations sur le projet

Personnes de contact:

Langues:

Anglais

Fin du projet:

2024

Thèmes:

Disciplines:

Thématiques:

Politique
Nationalisme – homonationalisme – fémonationalisme
Race – racisation – racisme
Sexisme
Intersectionnalité
Violence – harcèlement

Branches:

Etudes Genre, Sociologie

Type:

Thèse de doctorat