Construction et transgression des catégories de genre dans les représentations divines

Construction et transgression des catégories de genre dans les représentations de figures divines: comparaison interculturelle de dessins d’enfants et adolescents

In : Irene Becci et Francesca Prescendi Morresi (dir.) Imaginaires queers. Transgressions religieuses et culturelles à travers l’espace et le temps. Lausanne, BSN Press, 2020, pp. 93-112

Premières lignes du chapitre :

Le divin renvoie-t-il au masculin, au féminin, ou dépasse-t-il une telle dichotomie de genres ? Des études portant sur des dessins de « dieu » aux Etats-Unis et en Europe concluent que les enfants/adolescents lui attribuent massivement le genre masculin (Hanisch 1996 ; Kay et Ray 2004 ; Ladd, McIntosh, et Spilka 1998). La récolte de dessins au Japon, en Suisse et en Russie a attiré notre attention sur le fait que les choses ne sont pas si simples. Hors d’un environnement culturel fortement marqué par le christianisme, les représentations féminines apparaissent en plus grand nombre. La masculinité attribuée à la figure divine pourrait n’être que l’effet d’une socialisation religieuse dans des contextes culturels où le genre de dieu ne souffre aucune ambiguïté : Le Dieu des chrétiens n’est-il pas un « Père céleste », comme l’enseigne la récitation de la prière du « Notre Père » ou celle du Credo ? Difficile dès lors d’en proposer des représentations féminines, pourrait-on penser. Or, l’analyse détaillée du genre attribué à dieu dans les dessins d’enfants/adolescents, y compris dans des régions fortement marquées par la tradition chrétienne, fait apparaître diverses formes de transgression des catégories de genre.

Face à la tâche de « dessiner dieu », le jeune sujet se trouve à l’intersection de pressions normatives de plusieurs ordres. Afin de répondre à cette tâche, il emprunte, reconstruit et invente. Ainsi, certains s’arrangent, par exemple, pour estomper les traits caractéristiques du masculin ou d…