Terrorisme et politiques de l'identité dans le cinéma américain: 1960-2022

Objectif

Ce cours-séminaire, qui s'inscrit dans l'histoire sociale du cinéma, vise à encourager une réflexion critique sur les rôles assignés aux personnages dans les films de fiction centrés sur le terrorisme, à considérer les rapports plus larges entre genre cinématographique et politique identitaire, ainsi qu’à familiariser les étudiant·e·s avec la théorie féministe, les études de genre et les études postcoloniales.

Contenu

Tandis que la violence terroriste est généralement associée à un programme politique explicite, le cinéma hollywoodien a, depuis des décennies, imaginé des personnages terroristes dépourvus de toute motivation politique claire. Cette absence manifeste de dessein politique dans les représentations fictionnelles du terrorisme soulève plusieurs questions : qu’incarnent donc ces personnages et quelle fonction endossent les effets de surdramatisation engendrés par la menace et les actes terroristes dans ces réalisations ? Quelles sont les tensions historiques explorées et les plaisirs exploités par ces films ? Mais surtout, si ces productions ne parlent pas vraiment de terrorisme en tant que phénomène géopolitique ou historique, de quoi parlent-elles, quels thèmes abordent-elles via leur recours aux motifs et à certaines des peurs caractéristiques du terrorisme ?

Cet enseignement tentera de répondre à ces questions en proposant une histoire des représentations du terrorisme dans le cinéma hollywoodien des années 1960 à 2020. Centré sur l’étude des films américains qui, depuis la Guerre froide, ont thématisé la question du terrorisme, le cours-séminaire envisagera ces productions comme des véhicules privilégiés de négociation des identités, que ce soit sur le plan du genre, de la sexualité ou de la « race ». En adoptant une approche diachronique, on s’attèlera à mettre en rapport les contextes culturels, historiques et sociologiques de ces films avec la manière dont ils assurent, à partir de la construction de la figure archétypale du terroriste, une renégociation des catégories identitaires des groupes culturels dominants américains. Dans ce cadre, on prêtera notamment attention aux façons dont ces réalisations mobilisent, ou dans certains cas, évitent de recourir à l’imaginaire des grands attentats qui ont marqué l’histoire des États-Unis, que ce soit ceux du « Unabomber » (1978-1995), d’Oklahoma City (1995) ou du 11 septembre (2001).