Masculinités romanesques du XIXe siècle

Descriptif

Qu'est-ce qu'un personnage de roman ? Question à double fond, à vrai dire : quelles instances sont habilitées à agir dans un roman ? quel statut leur donne la critique ?

Cet enseignement se situe d'emblée à la croisée de deux perspectives : une théorie de la fiction, en dialogue avec la philosophie (ontologie des mondes romanesques) ; une théorie des genres attentive à l'histoire littéraire (trouve-t-on les mêmes protagonistes dans La Comédie humaine et chez Beckett, par exemple ?).

Mais il faut pousser l'interrogation plus loin encore. Que faire des personnages non humains du roman ? L'écocritique se charge de leur faire une place dans les études littéraires. Elle explore la place des animaux et des plantes dans les textes (et dans la culture de leur temps).

Une gamme de protagonistes a cependant été négligée par la critique : les personnages qui ne sont ni humains, ni vivants. On pourrait imaginer qu'on les trouve seulement dans des textes oubliés ou peu prisés des études littéraires. Le merveilleux scientifique de Rosny aîné met ainsi en scène des populations intelligentes de cristaux et de minéraux (Les Xipéhuz, 1887 ; La Mort de la terre, 1910). C'est d'ailleurs lui qui évoque les « êtres inédits » dans une de ses préfaces. L'histoire naturelle fourmille de ruisseaux, de fleuves, de mers, d'océans, de montagnes et de vallées dont l'existence autonome tient parfois de l'allégorie - mais pas toujours. Les objets, enfin, font leur entrée silencieuse mais massive dans le roman au cours du XIXe siècle. Ils ne sont pas toujours manipulés : ils agissent, entre eux, sur nous.

Ces protagonistes non vivants se dissimulent aussi dans les textes les plus classiques et les plus commentés. Nous tenterons de les dénicher.