Le décès de James C. Scott au cours de l’été 2024 a donné lieu à la publication de nombreux articles soulignant l’ampleur de sa contribution aux sciences sociales, et plus particulièrement à l’étude des sociétés sans État. Parmi ses concepts phares, la résistance infrapolitique, définie comme une « lutte prudente menée quotidiennement par les groupes dominés » (Scott, 2019 [1992], p. 317), a représenté un apport majeur dans la compréhension de l’agir politique des populations les plus subalternes, à diverses époques et dans différents contextes sociopolitiques. Pourtant, jusqu’ici, l’infrapolitique a rarement été au coeur de l’étude des résistances de femmes, et ce alors même que certaines modalités d’action politique féminines semblent s’inscrire dans cette logique. Depuis quelques mois par exemple, une nouvelle trend sur les réseaux sociaux invite à partager les actions quotidiennes mises en oeuvre par les femmes pour résister au sexisme de façon discrète et souvent sans bruit : n’acheter que des livres écrits par des femmes, prendre de la place dans les transports en commun, ne pas se décaler dans la rue… Ces « petits gestes », réalisés par des femmes ordinaires et non organisées, sont appelés sur les réseaux « micro-féminisme ». Ces formes de résistance, qui ne se limitent pas aux seules luttes féministes, existaient évidemment avant d’être nommées, mais alors comment les trouver, les identifier, les reconnaître et surtout les appréhender en tant que chercheur·ses ? Le concept d’infrapolitique offre-t-il un cadre particulièrement pertinent pour étudier ce type de résistances féminines ? Les femmes sont-elles davantage socialisées aux résistances souterraines et donc à l’infrapolitique ? Ce sont les questionnements qui guident cette journée d’études.
L'objectif de cette journée d’études est de questionner la façon dont on peut utiliser l’infrapolitique et/ou ces autres concepts d'analyse dans des travaux de recherche sur les femmes et leurs formes de résistances discrètes, souterraines, silencieuses, sans les réduire à des formes de sous-politisation. Pour ce faire, nous proposons les trois axes de réflexion suivants.
Cette journée d’études se tiendra le 21 mai 2025 au CERAPS à Lille, au campus Moulins de l’Université de Lille.
Les propositions de communication d’une longueur maximale d’une page sont à transmettre avant le 24 janvier 2025 aux adresses suivantes : sidonie.verhaegheuniv-lillefr, margaux.viallonuniv-lillefr et anis.zerdeuniv-lillefr. Elles devront préciser dans quel·s axe·s la communication s’inscrit et comprendront une brève présentation des auteur·ices. Elles pourront relever de différentes disciplines des sciences sociales, sociologie, science politique, anthropologie, philosophie ou histoire. Les propositions de doctorant·es et jeunes chercheur·ses sont bienvenues, ainsi que celles élargissant la perspective à différentes périodes historiques et espaces géographiques.
When:
21 May 2025
Where:
Université de Lille
Themes:
Disciplines: