Qualifiés, à tort ou à raison, d' « impassibles » ou de « minimalistes », les romans résolument ludiques d'Echenoz occupent une place de choix dans le paysage littéraire contemporain. Sans s'abandonner à une conception naïve de la fiction, largement entamée par les expérimentations du Nouveau Roman, ils réinventent le récit. C'est ici le décalage - la distance ironique, l'humour - qui autorise l'élan et le plaisir narratif. Héritier de Flaubert, de Queneau, mais aussi de Manchette, Echenoz joue, dans Les Grandes Blondes (1995), avec les stéréotypes de genre. Un réalisateur de télévision en mal de scoop lance une équipe de détectives sur les traces de Gloire Stella, une star vite oubliée de la chanson, qui a précipité son agent dans le vide et purgé sa peine, avant de faire le choix de disparaître. Si l'écrivain emprunte sa trame au roman policier et subvertit ses conventions, il multiplie également les références au cinéma (à Vertigo ou Psychose de Hitchcock, par exemple), tout en transposant ses procédés. Son récit entrelace en plans alternés les tribulations de la femme en fuite et les démarches vaines des enquêteurs. Attentif à chacun de leurs trajets, il transporte ses protagonistes de Paris et sa banlieue jusqu'en Australie et en Inde. Nous interrogerons ensemble les modalités et les enjeux de cette écriture seconde. Quel portrait dresse-t-elle du monde contemporain, de son rapport à l'image et aux médias, mais aussi à l'espace géographique, à l'exotisme comme au quotidien, à l'éros enfin ? Nous chercherons à cerner les divers aspects de cette esthétique du vide, en étudiant la virtuosité désinvolte d'un style assurément jubilatoire.

Semester:

Stufe:

BA

Fächer:

Literatur

Hochschultyp:

Universitäre Hochschulen (UH)