Avorter au MLAC, une histoire entre féminisme et médecine
"Mon histoire c’est un petit peu l’histoire de tout le monde. J’avais avorté une fois dans un truc dégueulasse, chez une concierge infecte, pour 50 000 balles il y a 14 ans de ça. Il n’y avait pas la pilule, et 6 mois après je me suis retrouvée enceinte."
Hélène, dans Le spéculum, la canule et le miroir,
de Lucile Ruault, p. 45
La promulgation de la loi relative à l'IVG en 1975 est un retournement majeur dans l'histoire des femmes : l'État parvient enfin à réguler la pratique abortive. Faisant de l'acte une prérogative exclusive des médecins, la « loi Veil » est un retour à l'ordre. Elle referme une phase d’appropriation revendiquée des savoirs abortifs par des femmes ordinaires. Comment expliquer que, à un moment de l’histoire où la maîtrise de l’avortement par le groupe social des femmes est à portée de main, cette possibilité tourne si rapidement court ?
Pour élucider cette énigme, Lucile Ruault enquête sur le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC), et en particulier sur l’action insoupçonnée de groupes dissidents ayant poursuivi la pratique des aspirations abortives jusqu’en 1984. En montrant que la constitution de l’avortement en question sanitaire a été l’enjeu de conflits, cette ethnographie historique tient ensemble la médicalisation de l’avortement et les résistances à ce processus par la pratique abortive profane, dans un sens féministe.
Publikationsdatum:
12. Oktober 2023
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